Au concert

Je me sens bien mieux que ces deux derniers jours grâce a la prise de puissants antibiotiques. Je me sens tellement mieux que j'ai pété les plombs et fait ce matin un injuste procès d'intention a Marc qui s'en est pris plein la figure pour pas un rond. Je m'en veux terriblement car je pense l'avoir blesse. Il m'a pourtant donne une leçon de relation humaine que je ne suis pas près d'oublier.

Nous nous séparons demain et je suis triste a cette pensée car nous avons forme pendant cette dizaine de jours une bonne équipe. Malgré ses efforts pour approfondir la relation, je ne me livre ni ne donne ma confiance facilement. J'ai des résistances difficiles a vaincre, mais pourtant, comme un coffre fort que l'on chercherait a ouvrir, c'est une simple question de temps et surtout de patience...

Il part demain pour Agra puis pour Jaipur. De mon cote, je prendrai le bus pour New Delhi demain matin en espérant pouvoir avoir un billet de train pour Munger (la ville ou est l'ashram). Avec le problème de santé, je ne m'en étais absolument pas occupe, pensant qu'en s'y prenant la veille, ce serait suffisant. En fait, non, les trains sont complets pour les trois prochains jours. Ma seule chance, c'est qu'il y a des quotas de billets réservés pour les touristes. Je serai fixe demain en début d'après-midi en me rendant a la gare.

J'ai prévenu l'ashram que j'aurai un jour de retard. Oui, j'ai poursuivi ma réflexion et la semaine dite "d'acclimatation" permet aussi de se faire une idée de la façon dont vont se dérouler les 4 prochains mois, aussi, je me suis dit que c'était bien d'aller la faire et de me faire ma propre opinion car j'ai déjà pas mal investis pour ça. Maintenant, si les circonstances font que ça ne le fait pas, alors c'est ainsi, il n'y a qu'a accepter.

Hier en fin d'après midi, nous avons assiste a l'ouverture du temple de Iskon a 16h30. D'abord un mot sur le temple en lui mémé. C'est un magnifique temple tout en marbre blanc, merveilleusement orne dans lequel il y a trois pièces principales. Dans les deux plus petites, on trouve une grande statue plaquée or du gourou avec tout un tas de textes a sa gloire disant en substance, que l'on est rien sans lui et tout un tas d'autres conneries du mémé genre. Le gourou est la pour rendre les gens libres pas pour les rendre dépendants de lui. C'est la qu'est, a mon sens, le premier problème. Dans la seconde pièce, il y a tout un tas de photos retraçant la vie du guru. Bon, pas grand chose a dire dessus sinon qu'il est décédé en 1977. La pièce principale, le lieux de culte proprement dit, est très joliment décoré avec aussi bien de représentations de Krsna que de celles du guru. C'est comme une grande cour intérieure, avec autour, des femmes qui s'activent a la fabrication de colliers de fleurs ; des dévots, le regard perdu, la main dans leur sac contenant leur mala et récitant en permanence le maha mantra ou d'autres écoutant pieusement les musiciens qui chantent le mantra 24/24. Malheureusement, les photos sont interdites.

A 16h30, les portes du temple s'ouvrent au public et la, on a plus l'impression d'être dans un temple mais dans une salle de concert. Les gens se pressent au plus près de la "scène" pour être le plus près possible de la star, de l'idole. Les musiciens, eux, font monter la pression, toujours avec le mémé morceau, le maha mantra chante sur différentes mélodies et avec de plus en plus d'intensité, un peu comme une première partie. Ça chauffe le public. Alors trois grandes portes s'ouvrent simultanément sur de grands rideaux couleur or. Trois prêtes, un a chaque porte, sonnent théâtralement la conque trois fois. La pression monte, les dévots se pressent dans la fosse. Et puis simultanément, chacun des prêtre tire le rideau de couleur or, dévoilant ainsi les idoles et provoquant dans la foule des accès de délire et de dévotion alors que les musiciens sont a fond. L'excitation est a son comble, des gens se prosternent, d'autres chantent les paroles en levant les bras au ciel, c'est du pur délire. Plus tard, nous verrons les gens, le public, se presser et presque se battre pour obtenir une demi-banane ou un collier de fleur distribuée par un prêtre. Par curiosité, j'ai goûté au prasad (nourriture offerte a titre d'offrande) et c'était pas mauvais, un liquide a base de lait et de fleur d'orange, assez sucre. C'était un bon spectacle.

Aujourd'hui, j'ai eu l'occasion de bavarder avec un dévot et il m'a confirme ce que je pensais. Pour maintenir leur état de conscience "élevée", ils doivent continuellement réciter le maha mantra qui agit sur eux comme une drogue : au plus on le chante, au plus on a envie de le chanter. Par contre, si on arrête, alors ils reviennent a la "normale", c'est a dire comme la plupart des gens, ce qui n'est pas forcement mieux. Mais c'est en tous cas le second point qui pose problème a mon sens. En effet, leur "bonheur" est dépendant d'une pratique constante, extérieure a eux meme. Ils ne sont en fait pas libres. Donc pour se résumer, les "dévots" sont doublement prisonniers. Ils sont prisonniers de leu guru et de leur mantra. Sans cela, point de bonheur possible... mais chacun sa route, chacun son chemin et celui la n'est sûrement pas le mien...

Comments

[jac]

Merci Mrs Peal, bise a toi aussi...

[m_apeal]

Comment aucun commentaire ! c'est une très très bonne chose que tu sois sur pied et la tête sur les épaules. Tout est donc dans l'ordre, dans la verticalité. bises et bonne route à tous les deux